La petite démagogue

La chronique de l’économiste Nathalie Elgrably parue dans le Journal de Montréal du 5 juillet a de quoi faire sursauter. Elle attaque cette fois le film Sicko de Michael Moore. Bien que ce film contienne quelques inexactitudes, le fond demeure tout de même pertinent. Fidèle à son habitude, elle idolâtre le modèle de santé à prédominance privée des États-Unis et qualifie les régimes publics, dont celui du Québec, de meurtriers!

Pendant que 45 millions de citoyens américains n’ont aucune couverture, soit 15% de la population, elle prétend, à tort, que le pourcentage du PIB américain consacré à la santé égale celui du Canada, de la Grande-Bretagne et même de la France! Une bien piètre performance si l’on admet la véracité de ces statistiques. Pourtant, une étude américaine de l’Economic Policy Institute de Washington démontre tout le contraire de ses allégations. Les États-Unis y consacreraient plus de ressources que tous les autres pays de l’OCDE. De plus, certains pays européens, avec la moitié moins de leur PIB investit en ce domaine, couvriraient médicalement presque que la totalité de leurs populations.

En fait, cette collaboratrice de l’Institut Économique de Montréal use d’idées préconçues et d’analyses simplistes afin d’étayer ses affirmations. Malgré son beau discours de droite, les faits parlent par eux-mêmes: si le régime de santé américain est tellement parfait, pourquoi l’espérance de vie en ce pays est-elle l’une des plus faibles en Occident ? Pourquoi le taux de mortalité infantile est-il le plus élevé ? Aussi comment expliquer que la proportion des familles vivant dans la pauvreté (ne pouvant se payer une assurance santé) est en tête de liste dans les pays industrialisés ?
Cette petite démagogue semble avoir oublié les méthodologies de recherche objective et n’hésite pas à dénigrer avec des propos incendiaires et sans fondements réels tout ce qui ne cadre pas avec sa conception néolibérale de la société. Elle devrait se regarder dans le miroir avant de pointer du doigt l’auteur de Sicko pour son manque de rigueur.
Paru sur le blogue Pour que Demain soit